Un tonnal, deux tonneaux ?

Silhouette tonneau, silhouette masculine, corps en forme de tonneau

Parfois, la nature est bien faite. Certaines filles ont un corps svelte, des cheveux blonds (et lisses…. grrr) et une voix fluette, c’est presque trop raccord pour être vrai. Jamais un mot de travers, leur rêve le plus fou est de nager avec les dauphins et de rencontrer le prince charmant. Elles sont si délicates qu’on dirait qu’elles sont faites en coton. C’est généralement le genre de filles que les mecs adorent et que les filles trouvent gnangnan – en tout cas, moi, oui.

Et parfois, la nature connait quelques travers. Lors de ma fabrication, par exemple, il a dû y avoir une légère confusion entre les gènes d’une fille normale (une gnangnan, quoi) et d’un camionneur tout droit sorti de sa Bavière natale.

Déjà, physiquement, on ne peut pas dire que ma croissance verticale ait été très pérenne. Le point positif, c’est que l’horizontale, elle, s’est développée pour deux. Autrement dit, je suis une petite trapue, une courte-sur-pattes, un petit cube. D’ailleurs j’en profite pour m’auto-rebaptiser : Narcisse² (ou Narcissokaré).

Mais Dame Nature ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. Pour aller avec ma silhouette de tonneau (rhoooo… elle est là, la minute Cosette), elle a cru bon de m’attribuer une voix forte et (très) sonore – d’un autre côté, un tonneau qui parle en ultra-sons, ç’aurait été zarbi). Très peu commode pour les messes basses mesquines, encore moins pour les confidences ultra-secrètes. Murmurer au téléphone, n’en parlons même pas. Alors oui, la relou qui hurle dans le bus, c’est moi. C’est quand même pas de ma faute si j’ai une voix qui porte – et le rire qui va avec.

Car oui, quand je ris, ça s’entend. Mouhhahahahaha, hihihihihiiiihii, ohohohooohooo… Peu importe la syllabe pourvu qu’on ait le volume. Personnellement, je pense que ce rire gras, c’est un héritage direct de mes gènes de camionneur. Dame Nature peut être fière de son mélange.

Elle peut aussi être fière de ma robustesse. Je claque les portes comme personne, j’envoie ma sœur Pivoine au tapis en moins de 2 (t même qu’elle pleure, après… en voilà, une fille, une vraie !), j’ai des biceps à faire pâlir ce petit joueur de Schwarzy… Mes mouvements sont brusques et hachés, mais je fais très bien l’automate (un talent féminin à souhaits).

Au fond, je ne peux pas lui jeter la pierre, à Dame Nature. Au moins, grâce à elle, je ne risque pas de m’envoler au premier coup de vent. Les hommes qui m’entourent semblent d’ailleurs l’avoir parfaitement remarqué. Ils m’en félicitent allègrement à grand renfort de tapes dans le dos et autres blagues salaces – ben oui, un tonneau, il en faut plus pour le choquer. Ils me prennent même parfois pour l’un des leurs (Boulangerie du coin, automne 1998 : « Je lui sers quoi, au jeune homme? »). Plutôt flatteur, hein ?